Publié par aplusglass.com – Mise en ligne le 25/10/2023

Trois décrets gouvernementaux fraîchement publiés mardi semblent être sur le point de simplifier la commercialisation de kits de rétrofit, lesquels permettent de rendre les véhicules à essence moins polluants en les convertissant à l’électrique ou au biogaz, évitant ainsi l’acquisition d’un tout nouveau véhicule. Bien que le rétrofit ait été autorisé depuis 2020, cette pratique demeure relativement confidentielle. Cependant, ces trois arrêtés gouvernementaux devraient favoriser la vente de ces kits destinés à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Mais qu’entend-on par « rétrofit » ? 

Le rétrofit consiste à transformer la motorisation d’un véhicule thermique en une motorisation électrique à batterie, à hydrogène ou hybride rechargeable à l’aide d’un kit de conversion approprié. Le marché du rétrofit est en pleine expansion, bien que seulement entre 1 000 et 2 000 véhicules, y compris des deux-roues, aient subi cette transformation au cours de l’année, d’après l’association des Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique (AIRe).

Alors, quel est le potentiel de cette pratique ? 

L’objectif à l’horizon 2028 est de convertir près de 74 000 véhicules particuliers et deux-roues, avec une ambition d’atteindre 120 000 unités pour les véhicules utilitaires, dont plus de 2 000 poids lourds. Bien que cela ne vise pas à remplacer les véhicules électriques neufs, le ministère de la Transition énergétique souligne son utilité, notamment pour les transporteurs, en raison des coûts élevés des camions, ainsi que pour les artisans qui parcourent de courtes distances, comme 50 à 100 kilomètres dans des Zones à faible émission (ZFE).

Est-il possible de rétrofiter tous les types de véhicules ? 

L’activité a initialement débuté avec des véhicules anciens, tels que les Renault R5, 4 L ou 2CV Citroën, mais elle s’étend désormais à des modèles plus récents, comme le bus Crossway d’Iveco, l’utilitaire Trafic de Renault, le cyclomoteur 103 de Peugeot, et bientôt les Renault Clio et Twingo. Environ une dizaine de kits de conversion alternatifs ont été homologués, et une trentaine d’autres devraient suivre, selon les informations fournies par le ministère. À compter de mardi, il est même possible d’effectuer des conversions sur des véhicules spéciaux tels que les dépanneuses, les camping-cars, les véhicules adaptés aux personnes en fauteuil roulant, et les grues mobiles.

Est-ce une procédure sans risque ? 

Les véhicules neufs sont homologués en fonction de certaines caractéristiques, notamment leur poids. Lors d’une conversion en véhicule électrique, le moteur devient plus petit et plus léger, mais les batteries sont bien plus lourdes. C’est pourquoi les kits de rétrofit doivent être homologués, et des tests sont effectués pour vérifier la conformité de la conversion, la tenue de route, la suspension et le freinage. Depuis mardi, ces essais sont encore plus accessibles.

Est-on obligé de passer à l’électrique ? 

Non, il est également permis d’équiper sa camionnette ou sa voiture d’un kit fonctionnant au gaz naturel véhicule (GNV) ou au gaz de pétrole liquéfié (GPL), d’une conversion hybride, hybride rechargeable ou hydrogène thermique. Depuis mardi, les opérations sont facilitées, car les entreprises qui effectuent ces conversions sont dispensées de solliciter l’avis technique du constructeur pour les véhicules âgés de plus de cinq ans. Xavier Senecal, responsable des enseignements professionnels au lycée de référence de la profession, le Garac à Argenteuil, près de Paris, estime que cela élargit les possibilités de conversion à des technologies parfois encore à l’état de prototype, comme les kits à hydrogène.

« Aujourd’hui, les gens réfléchissent à deux fois avant de changer de voiture, ils sont un peu perdus et conservent plus longtemps leur véhicule thermique. Le rétrofit offre une solution transitoire », ajoute-t-il.

Où peut-on effectuer une conversion en rétrofit ? 

En général, les conversions en rétrofit sont principalement proposées par de petites entreprises spécialisées, dont certaines demeurent relativement discrètes. Il existe peu d’options pour la conversion au gaz. Environ une vingtaine d’entreprises sont membres de l’AIRe, qui a rejoint le syndicat des professionnels de l’automobile Mobilians au printemps dernier. Bien que de plus en plus d’acteurs émergent, ils ne couvrent pas encore l’ensemble du territoire.

Le rétrofit est-il rentable ? 

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le rétrofit figure parmi les trois actions les plus importantes que les ménages peuvent entreprendre pour accélérer leur transition énergétique, aux côtés de l’achat de véhicules électriques et de pompes à chaleur. Une entreprise de rétrofit basée à Grenoble affirme que le coût total de détention, incluant l’achat et l’utilisation, est « deux ou trois fois plus économique » que l’acquisition d’un véhicule électrique neuf.